mercredi, 15 mars 2006
Article sur les rétrotubes de Marin

Samedi soir, le chanteur Morda s’approchait des spectateurs pour enregistrer leurs choix musicaux. Pas toujours facile de sélectionner parmi les 200 titres qui figurent sur la liste du juke-box vivant. photo marcho
Samedi soir à Marin, 150 Neuchâtelois ont assisté - ou plutôt participé - aux «Rétrotubes», un spectacle mis en scène par Thierry Romanens et interprété par Olivier Forel, Pascal Rinaldi, Morda et Yves Z.
Le principe? Les spectateurs choisissent les morceaux qu'ils ont envie d'entendre. Ceux qui, il y a plus de vingt ans, les ont fait danser, vibrer et user leur tapis de salon en se trémoussant. Mais pour sélectionner un titre parmi les nombreux Hallyday, Polnareff, Piaf, Aznavour, Téléphone ou Rita Mitsouko, il faut être rapide. Et reconnaître le premier le titre d'une chanson fredonnée ou mimée par les artistes.
«Marie Laforêt!», hurle une femme en brandissant sa liste de tubes. Elle décroche ainsi la première sélection du juke-box. «Je voudrais la I5.» «C'est laquelle?», chuchotent des participants qui retournent leur feuillet dans tous les sens. Les artistes s'exécutent, empoignent leurs instruments et se mettent à jouer Jean Ferrat. Le public démarre au quart de tour. Un grand «Que la montagne est bêêêlle» envahit la salle.
Suivent la H1 de Michel Delpech, la K6 de Fugain ou encore la C1 de Barbara. «H5? Mais on l'a déjà faite», souligne Morda à l'adresse d'un homme d'une attention toute relative. «Vous avez un joker», lui accorde le chanteur romand. Le joker, ce sera Johnny Hallyday. Un «oui!» de satisfaction se répand dans l'assemblée, et tous donnent de la voix sur «Elle est terrible». Les paroles sur l'écran géant ne suivent pas toujours la mélodie, quelques passages musicaux peu ajustés déstabilisent l'oreille. Mais les spectateurs ont l'air de ne pas y prêter attention.
Ils chantent, tapent des mains et se plongent avec un plaisir insoupçonné dans les yéyés de leur enfance. Une fillette opte pour «Le Zizi» de Pierre Perret. Puis Pascal Rinaldi se lâche dans un surprenant medley de Joe Dassin version Rammstein. Les Marinois en redemandent. Difficile d'assouvir leur faim de souvenirs.
«C'est une formule originale. Ça m'a beaucoup plu», confie Michelle, de Marin, à l'issue du spectacle. Madeleine et Willy, 70 et 75 ans, ont eux-aussi apprécié. «C'est toute notre jeunesse!, lancent-ils en choeur. Mais on aurait voulu que Lavilliers soit choisi. On aime quand ça bouge!» / VGI
Morda tient des statistiques. Par amusement, mais aussi parce qu’il doit déclarer chaque morceau choisi à la Suisa, pour les droits d’auteur. Parmi les 200 titres du juke-box, quelles perles de la chanson française reviennent le plus fréquemment? Le quatuor dévoile ses statistiques.
Quelle chanson le public sélectionne-t-il le plus souvent?Morda: Ce sont régulièrement les mêmes qui ressortent! Dans le top des trois premières, on trouve «Le Sud», de Nino Ferrer, «La complainte du phoque», de Beau Dommage et «L’aigle noir», de Barbara.
Y a-t-il des titres que vous espérez ne pas voir choisis par le public?
Yves Z.: Ceux de Mireille Mathieu!
Olivier Forel: C'est vrai. Mais il y a surtout des artistes que l'on a rayés de notre juke-box. Comme Sardou et ses sympathies pour l'extrême droite.
Morda: Ou Trenet, lié à des cas de pédophilie.
Chacun de vos spectacles est différent, puisqu'il dépend des choix du public.
Olivier Forel: C'est l'avantage de cette création. On l'a jouée trente fois en Suisse romande et on ne s'ennuie jamais. Au Locle vendredi, on a commencé avec des tubes que l'on n'avait jamais interprétés. C'était plutôt surprenant.
Répétez-vous vraiment les 200 tubes du juke-box avant chaque représentation?
Pascal Rinaldi: Non, c'est impossible! C'est pourquoi il y a une grande part d'improvisation dans le spectacle.
Votre répertoire couvre les années 1960 à 1985. Comment faire le tri parmi les perles de la francophonie?
Morda: Au départ, j'avais 3500 titres. Il a fallu sélectionner. Le premier choix recouvrait les années 1960 à 1980. Mais les jeunes du quatuor regrettaient qu'on ne propose pas Indochine ou Téléphone. On a donc viré des vieilleries et ajouté des tubes branchés.
Le plus difficile dans ce spectacle?
Morda: C'est de terminer. Les gens aiment chanter et ils en redemandent. On pourrait continuer pendant des heures! C'est donc à nous d'imposer une chanson qui clôt les «Rétrotubes». En général, on finit par une mélodie assez calme. Par exemple «Le Sud» / VGI
(article paru dans le journal l'Express du 13 mars2006)
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